Description
Ces pages, écrites en 1937, expriment mes premières impressions au contact de cette Inde, devenue pour moi, depuis, la plus chère des patries. Elles ne reflètent que dix-huit mois d’expériences directes, ajoutées, il est vrai, à de longues années d’attente. Depuis, nombre d’expériences ont suivi celles-ci. Elles ont entièrement justifié ma joie de quitter l’Occident chrétien et démocratique, et tout ce qui lui ressemble, et n’ont fait que confirmer mes premières impressions indiennes. Je pourrais encore aujourd’hui signer ces pages et c’est, en partie, ce qui m’encourage à les publier.
En Inde, c’est comme si toute l’âme de la vieille Europe oubliée, de l’Europe païenne et classique, étouffée depuis longtemps, était là, immortelle, transposée dans une civilisation de pays chaud. A quelque chose près, voilà à quoi cela devait ressembler, les processions de la Grèce antique et ses fêtes ! Sans doute, des défilés de femmes et de jeunes filles, drapées avec la même élégance que celles-ci, s’avançant, les unes derrière les autres, comme celles-ci, dans la demi-obscurité d’une salle aux piliers sculptés, dans laquelle flotte un parfum d’encens ; portant des offrandes, comme celles-ci, et à peu près les mêmes offrandes ; belles, sans doute – comme celles-ci ! Voilà ce qu’il devait être, plus ou moins, ce culte aboli que l’empereur Julien, venu trop tard, fit d’inutiles efforts pour rétablir !