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Michael Guérin en Toute Liberté

Michael Guérin, vous êtes l’auteur de deux ouvrages parus chez AVATAR Éditions. Pouvez vous présenter ?

Je suis un ancien militant et cadre politique de tendance NR, passé par le FN et ER entre autres. Je me suis depuis détaché de toute forme d’organisation politique – pour des raisons tenant aussi bien à la « vision du monde » qu’au « matériel humain » aujourd’hui largement défectueux – pour me consacrer à la réflexion puis à l’écriture dont ces premiers livres sont le fruit. Ayant effectué un cursus universitaire juridique, ces travaux sont évidemment marqués par mon intérêt pour le droit international

Comment faites vous le lien entre analyse juridique et géopolitique ?

La passerelle est en fait assez évidente ; je m’efforce dans « Serbie Kosovo » de démontrer la violation des grands principes juridiques internationaux – souveraineté des états, intégrité territoriale, non-intervention etc.– non seulement par les puissances occidentales, États-Unis en tête, mais aussi par l’ONU elle-même qui est pourtant à l’origine de ces principes fixés par la charte de San Francisco. Ainsi l’indépendance du Kosovo, tout comme celle de la Bosnie ou de la Croatie, est le produit de la géopolitique américaine – et plus généralement occidentale – qui depuis John MacKinder vise à l’encerclement de la Russie et le contrôle du heartland. Ceci est une constante de la stratégie déployée par les USA, bien que les méthodes aient changé depuis les premières théories du géographe américain. Fait notable quant aux méthodes en question : civilisation « de la mer » et civilisation « continentale » ont des approches différentes en ce qui concerne la guerre, la première s’appuyant essentiellement sur la puissance aérienne et les bombardements stratégiques les plus destructeurs, le but avoué étant la paralysie de l’ennemi en frappant si nécessaire des cibles civiles.

Dans le cadre de la stratégie anglo-saxonne, l’islamisme et son instrumentalisation quasi-systématique par les Etats-Unis jouent un rôle fondamental : ce fut le cas au Kosovo, mais aussi en Tchétchénie ou en Bosnie.

Mon livre « Daesh un djihadisme moderne » revient précisément sur cet aspect géopolitique, et ce n’est pas sans raison qu’un chapitre est consacré à la Bosnie, territoire Serbe à l’origine, où l’islamisme joua le rôle de force centrifuge au profit des intérêts occidentaux.

L’alliance entre le monde anglo-saxon et les pétromonarchies du Golfe, la promotion du wahhabisme, le rôle d’Israël sont autant de thèmes abordés dans ce livre, la lecture géopolitique permettant d’ailleurs souvent de comprendre l’émergence de certains nationalismes – en Ukraine par exemple – et fondamentalismes religieux. Droit et géopolitique sont deux outils essentiels de compréhension du monde.

Sur quel thème travaillez vous en ce moment ?

Je termine la rédaction d’un ouvrage intitulé « âge de fer » dont le thème central est la Tradition au sens « Evolien » du terme. Les considérations politiques et juridiques n’en sont néanmoins pas absentes dans la mesure où elles révèlent les processus caractéristiques de l’âge sombre que nous traversons. Mais le cœur du livre réside dans sa dimension métaphysique et ésotérique puisque j’aborde différents thèmes tels que le gnosticisme, la franc-maçonnerie, la sexualité, la magie, ou la méditation, le tantrisme et la Grâce. La particularité de ce livre à mon sens est qu’il est souvent le fruit d’expériences personnelles et non de simples théories.

Et quid de la passerelle entre géopolitique/droit et métaphysique/ésotérisme ?

Comme je l’expliquais précédemment mes axes de recherche sont multiples, quoi que liés par un but commun : comprendre les forces qui sont à l’oeuvre au sein de notre monde, particulièrement à l’heure de la post modernité.

Naturellement la cause des phénomènes caractéristiques de la période que nous traversons n’est pas seulement d’ordre politique ou juridique, non plus que simplement morale ou philosophique : « l’aveuglement » des consciences ne peut être compris que d’un point de vue métaphysique.

Mais dès lors que nous comprenons ces phénomènes, que l’on pose un regard nouveau sur la vie et la manifestation dans son ensemble, une deuxième « phase » intervient, qui consiste à trouver le chemin qui permettra de se libérer.

Aussi « age de fer » s’adresse-t-il aux « hommes différenciés », par nature « étrangers » au monde tel qu’il se présente. Cette sensation de non-appartenance ne découle pas simplement de considérations idéologiques, ou d’une éventuelle « marginalisation », subie ou recherchée ; il s’agit d’une profonde conviction, d’une orientation qui le plus souvent accompagne un individu donné depuis toujours.

Au delà donc de la dimension théorique, je livre ici quelques orientations « pratiques » à l’intention de ceux qui entament cette « quête spirituelle », particulièrement ardue au cœur du foisonnement occidental qui voit se multiplier les sectes religieuses, les créations « new-age » autant que les écrits les plus absurdes en ce qui concerne l’initiation et l’ésotérisme. Il suffit pour s’en convaincre d’observer la nébuleuse « conspirationniste » qui tend à se teinter de « religiosité » (le plus souvent catholique ou musulmane) et qui, voyant le Malin partout, adopte une « vision du monde » souvent puérile et ne pouvant mener qu’à l’impasse. Il en est également ainsi de la plupart des courants prétendument rattachés à la Main Gauche, qui ne sont en fait que des philosophies individualistes destinées à consoler des ego en quête d’affirmation.

J’essaie pour ma part de donner quelques clefs nécessaires à la maitrise d’un détachement « sec » et viril qui caractérise la plupart des voies « olympiennes », pour reprendre la classification établie par Evola (auquel « age de fer » est par ailleurs dédié). Sans bien sûr prétendre indiquer une voie particulière ; il s’agit comme indiqué de simples orientations.

Quelles sont vos influences idéologiques et/ou littéraires ?

Tout d’abord je tiens à préciser que je n’adhère à aucune « idéologie », en tout cas actuelle. Concernant mes influences je dois dire que je ne lis désormais que très peu de littérature politique, à l’exception du travail d’Alexandre Douguine. Dans le cadre de mes réflexions géopolitiques, je m’en tiens à des sources « factuelles » pour ainsi dire, c’est à dire les ouvrages (ou revues) consacrées à la diplomatie, à la géostratégie ou au droit. Ceci dit, il est évident que mes orientations en la matière portent nettement la marque des doctrines eurasistes.

Mes principales influences sont cependant les auteurs qui ont consacré leur travail au « domaine » initiatique, Julius Evola principalement, mais également Alain Danielou ou Jean Marques Rivière. Il faut bien sur y ajouter nombre de textes traditionnels indo-européens ou orientaux qui, bien compris, permettent de com-prendre le monde pour mieux le vaincre. A cela s’ajoute le corpus « occultiste » français bien connu des « cherchants », Stanislas de Guaïta, Eliphas Levi ou Robert Ambelain… Concernant ces auteurs célèbres, il est bien évident que cela n’implique là encore aucune « adhésion » aveugle.

La seule « adhésion » qu’un homme doit s’autoriser est celle que lui « impose » la lignée initiatique dans laquelle il s’inscrit.

Vos ouvrages traitant de géopolitique ou de droit sont ils dans une certaine mesure engagés politiquement ?

Dans un certain sens oui, car je dénonce les manipulations politiques exercées par les grandes puissances occidentales avec la complicité des organisations internationales. Dans le cas de la Serbie, la destruction de la région des Balkans – et donc la déstabilisation de l’Europe du sud-est – est entièrement le fait des états-unis et de leurs « outils » islamo-nationalistes. La même chose peut être dite au sujet du djihadisme qui est depuis bien longtemps instrumentalisé par l’Oncle Sam pour détruire de l’intérieur les états considérés comme ennemis de l’occident, et exercer une pression sur la « société internationale ». Aussi trouverez vous souvent dans mes livres des analyses concernant les divers avatars du « nouvel ordre mondial », qu’il s’agisse du néolibéralisme, du sionisme ou du wahhabisme, autant d’idéologies morbides qui asservissent et détruisent les peuples.

Serbie – Kosovo. La Fin du Principe D’Intégrité Territoriale. 
Michael Guérin – Fahrenheit451 – AVATAR Éditions. Disponible Ici – Cliquer

Daesh – Un « Djihadisme » Moderne
Michael Guérin – RetEx – AVATAR Éditions. Disponible Ici – Cliquer

 


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